UN POST-CUBISTE

Defossez ? Un post-cubiste qui a vu, compris, l'oeuvre de Jacques Villon ; qui a aussi regardé du côté de Gromaire qui n'a pas négligé les recherches des Abstraits tels que Piaubert et Zao Wou Ki... Son art a été de faire converger ces voies qu'on pouvait croire tracées une fois pour toutes, croire dénuées de possibilité d'interférence, de les avoir fondues, d'être ensuite parvenu à se donner les assises d'une peinture structurée, solide et unitaire.

Comme tous ceux qui ont été tentés par le Cubisme, Defossez s'intéresse aux paysages et aux objets : "l'incorruptible géométrie d'un objet fragile" remarquait naguère le grand philosophe moraliste que fut Henri Petit. Rien n'est plus juste appliqué à la peinture de Defossez : fleurs coupées au premier plan, imprimant leur rythme à la toile, scènes d'intérieur éclairées par de subtiles compositions florales, villa;es, cités écrasés de soleil où les verticales et les horizontales suggérées scandent le chromatisme de la peinture ; grèves et nus, barques et voiliers, amarrés ou voguant, tout chez Defossez participe à sa vision des êtres, des choses et à sa propre perception de la nature.

Son graphisme est celui d'un graveur : aigu, précis, au service des formes et de la lumière, toujours prêt à faire valoir les clairs-obscurs : ses dessins témoignent d’ un métier raffiné puissant et souple à la fois, mais l'hommage qu'il convient de lui rendre c'est que, doté d'une telle technique, il parvienne à s'en affranchir totalement quant il travaille à l'huile : jamais un trait ne ceme un contour, un horizon, un galet ni un vase ; le maniement savant de la couleur, l'utilisation dosée de l'écriture plastique issue du Cubisme, suffisent à ce virtuose riche d'une musique intérieure si large qu'elle couvre pratiquement tous les registres, pour produire une oeuvre affirmée, dépouillera et sûre d'elle-même. A l'image de l'océan toute en rumeurs et résonances.